Le trouble de l’oralité, appelé par la communauté scientifique trouble alimentaire pédiatrique (TAP) se définit comme une altération de l’absorption orale alimentaire, non appropriée à l’âge, associée à des problèmes médicaux, nutritionnels, des compétences alimentaires et/ou à un dysfonctionnement psychosocial.
Il se manifeste généralement avant 18 mois.
Tout ce qui entrave le rapport à l’alimentation peut causer un TAP :
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causes organiques (multiples pathologies ORL, malformation, allergie, ...)
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causes oro-motrices (frein de langue, muscles buccaux insuffisamment développés, ...)
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dysfonctionnements sensoriels (hypo ou hyper-sensibilité)
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difficultés d’ordre cognitif, avec un rapport à l’alimentation compliqué
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causes environnementales (manque de stimulation, de diversité, d’exposition sensorielle, ...)
Les signes évocateurs s’observent au moment des repas :
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sélectivité des goûts, couleurs, textures, températures
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refus du passage aux morceaux
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fuite, évitement (du biberon, de la cuillère voire du sein)
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repas lents (+ de 30mn), fastidieux
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faible appétit, ne manifeste pas sa faim
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refus de s’alimenter
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nausées, vomissements
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désintérêt face à l’alimentation
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absence de plaisir alimentaire
Les conséquences peuvent être nombreuses :
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carences nutritionnelles
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cassure de la courbe de poids
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dénutrition
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surpoids / obésité
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perturbation du lien parents / enfant
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perturbation de la dynamique familiale
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perturbation de la vie sociale
Le diagnostic repose sur une enquête précise et ne peut être posé que par un pédiatre ou un orthophoniste, mais ces derniers doivent y être sensibilisés, au mieux formés, ce qui n’est pas toujours le cas.
Un diagnostic différentiel permet de différencier le TAP d’une néophobie alimentaire, d’un trouble de la déglutition ou encore d’une anorexie mentale.
Un(e) diététicien(ne) peut être le 1er professionnel rencontré devant une suspicion de trouble de l’oralité alimentaire. Il faut là aussi veiller à ce qu’il / elle soit formé(e).
Selon les informations recueillies, il/elle pourra vous rediriger vers un(e) orthophoniste.
Bien souvent, il n’est pas nécessaire que l’enfant soit présent aux consultations. Le suivi peut donc se faire à distance, en téléconsultation.
Même si le suivi orthophonique est long à obtenir, le suivi diététique peut déjà aider à améliorer le quotidien.
La prise en charge doit être pluridisciplinaire, composée :
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d’un(e) orthophoniste, qui travaille les aspects oro-moteurs, sensoriels et comportementaux
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d’un(e) diététicien(ne), qui travaille l’équilibre nutritionnel nécessaire à la bonne croissance
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d’un(e) ergothérapeute, qui travaille l’autonomie et l’intégration neuro-sensorielle
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et/ou d’un(e) psychomotricien(ne), qui travaille les appuis posturaux, la coordination des gestes, la verbalisation des émotions
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et/ou d’un(e) psychologue, qui travaille sur l’aspect psycho-affectif de l’alimentation et les tensions intra-familiales
Après avoir évalué l’état nutritionnel de l’enfant, le/la diététicien(ne) accompagne les parents sur :
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un enrichissement de l’alimentation
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les choix des aliments, des textures
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la gestion de l’hypersensibilité et de la sélectivité
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le contexte des repas
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les comportements parentaux
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l’élargissement progressif du panel alimentaire
Il peut donner des conseils en cas de troubles du transit, reflux, allergies, ...